A Ciudad Juarez, malgré le mur et les barbelés, les migrants passent toujours aux Etats-Unis (2024)

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A Ciudad Juarez, malgré le mur et les barbelés, les migrants passent toujours aux Etats-Unis (1)
  • International
  • Mexique

ParAnne Vigna(Ciudad Juarez (Mexique), El Paso (Etats-Unis), envoyée spéciale)

Publié le 10 octobre 2023 à 19h00, modifié le 08 janvier 2024 à 09h51

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ReportageEnviron 2,2millions de personnes ont franchi illégalement la frontière nord du Mexique depuis octobre2022. Peu réactive, l’application créée par Washington pour déposer une demande d’asile à l’extérieur du pays n’a pas dissuadé un nouvel afflux de migrants, parmi lesquels figurent de nombreux Vénézuéliens.

Les migrants et la garde nationale texane se livrent, jour et nuit, à un véritable jeu du chat et de la souris devant le mur frontalier à Ciudad Juarez, dans l’Etat mexicain de Chihuahua, juste en face de la ville d’El Paso, au Texas. Le «terrain de jeu» est une vaste étendue de sable où des rouleaux de barbelés sont entassés sur plusieurs mètres de haut, juste après un ruisseau sale et boueux dénommé Rio Bravo au Mexique et Rio Grande aux Etats-Unis – il marque la frontière officielle entre les deux pays. Depuis le début du mois de septembre, cette frontière connaît à nouveau un afflux ininterrompu de migrants venus, par le sud, de tout le continent américain et en particulier du Venezuela. Depuis 2013, 7millions de Vénézuéliens ont fui leur pays et son économie en faillite.

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Par petit* groupes, les migrants s’approchent des barbelés, les recouvrent de vêtements et creusent un trou dans le sable à toute vitesse pour essayer de se faufiler sans trop se blesser. Les enfants passent de bras en bras, emmitouflés dans des couvertures, les sacs à dos sont jetés en l’air; certains restent coincés et abandonnés dans les fils de fer barbelés. Ces familles n’ont souvent que quelques minutes, avant que les gardes américains n’arrivent en courant et posent leurs pieds sur les barbelés afin d’empêcher le passage. Mais cinquante mètres plus loin, un autre groupe se faufile tandis que d’autres gardes se précipitent dans leur direction.

Le manège dure ainsi toute la journée et malgré les efforts des forces de sécurité qui se déplacent en courant ou en voiture, des grappes de migrants parviennent bien sur le sol américain, les bras souvent ensanglantés par le passage de la clôture mais ne pouvant réprimer un sourire.

A Ciudad Juarez, malgré le mur et les barbelés, les migrants passent toujours aux Etats-Unis (2)
A Ciudad Juarez, malgré le mur et les barbelés, les migrants passent toujours aux Etats-Unis (3)

«J’ai tellement envie de quitter le Mexique»

Du côté mexicain, le simple fait de voir des migrants passer sous cette ligne qui semble infranchissable, est un motif de joie pour les nouveaux arrivants. Ils passent plusieurs heures à étudier le manège avant de se lancer à leur tour. «En fait, on doit passer comme des crabes», dit en riant le Vénézuélien Eduardo Vasquez, qui lève le poing en voyant que le groupe, avec lequel il a voyagé sur le toit d’un train depuis l’Etat de Mexico ces derniers jours, vient de franchir les barbelés.

Ce jeune homme de 26ans, qui a mis deux mois à traverser le Mexique, hésite encore à franchir illégalement cette frontière alors qu’il voyage avec deux enfants de 2 et 4ans. «Quand je vois que mes compagnons sont passés, j’ai aussi envie de me lancer», dit cet ancien chauffeur de bus à Caracas. A ses côtés, son épouse ouvre à nouveau son téléphone et l’application mobile CBP One (pour Customs and Border Protection, «douanes et protection des frontières»), qui permet de demander l’asile aux Etats-Unis. Deux mois après s’être inscrits, ils n’ont obtenu aucune réponse. «C’est la seule manière d’entrer légalement aux Etats-Unis mais si on n’obtient pas de rendez-vous? J’ai tellement envie de quitter le Mexique», ajoute Eduardo Vasquez qui, comme l’immense majorité des migrants, n’a pas de papiers pour rester légalement à Ciudad Juarez.

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